On ne présente plus Nancy Houston, autrice franco-canadienne installée à Paris depuis ses 20 ans, ancienne élève de Roland Barthes, elle avait intégré le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) à la fin des années 70.

Celle qui a reçu entre autres prix le Femina en 2006 pour « Lignes de faille », aborde à nouveau des thèmes qui lui sont chers : la transmission intergénérationnelle, la brutalité raciale, économique et sociale, tel un bouquet nauséabond ou le féminisme, sous des angles les plus viscéraux possibles.

« Arbre de l’oubli » est un album de famille dont les photos ont été volontairement mélangées… Shayna Rabenstein jeune métisse afro-américaine Ouagadougou 2016, Joël Rabenstein, cadet d’une famille juive européenne installée à New-York 1945, Lili Rose Darrington, Nashua dans le New Hampshire, d’origine irlandaise, 1960. Autour de ces trois personnages centraux qui vont devenir un couple qui s’aime et qui agrandit le foyer avec Shayna, on découvre que l’album de famille oublie certaines personnes, que la couleur « marron » est moins acceptée que le « beige ». En tant que jeune métisse, plutôt « marron » élevée par un couple plutôt « beige », Shayna nous raconte tout le poids et la complexité de nos sociétés libres, où l’histoire des uns et des autres donne naissance à une histoire plus grande encore, dans laquelle il est souvent difficile de trouver sa place.

Ce roman nous fait voyager à travers les époques, les lieux mais surtout il nous plonge au cœur de ce que nous pouvons tous ressentir avec nos familles, au travers des rencontres d’une vie, chahutés, boulerversés, émus, avec ou sans contrôle sur le cours des choses, des vies. Un roman fresque humaniste, tout simplement…