


» Décomposée » de Clémentine Beauvais aux éditions de l’Iconoclaste
Décomposée de Clémentine Beauvais chez L’Iconoclaste dans la collection Iconopop, ou la revanche de la charogne sur le poète. Pas n’importe quelle charogne : celle des Fleurs du mal – souvenir de terminale – dont restent en mémoire ces vers charmants : « Et pourtant vous serez semblable à cette ordure / À cette horrible infection / Étoile de mes yeux, soleil de ma nature / Vous, mon ange et ma passion ! » Ainsi Baudelaire s’adressait-il à sa muse…
Dans le petit opus gonflé de Clémentine Beauvais, la charogne gagne une identité, une voix : celle de Grâce, une femme qui a, toute sa vie durant, été aux côtés de ses sœurs et de « ses amies qui sont comme des sœurs », tour à tour infirmière, « faiseuse d’anges », justicière acharnée. Parcours chaotique et brûlant dont les bribes sont livrées à Jeanne Duval, la muse du poète, justement, par une étrange connexion psychique qui se crée entre l’amante de Baudelaire et la narratrice en cours de décomposition.
Il fallait tout le talent et l’art de la répartie de l’autrice de « Songe à la douceur » pour faire ainsi dialoguer les œuvres et les époques dans un conte macabre alliant pertinence, humour et culot. Dans un style viscéral, avec une ironie mordante et une élégance folle, ce roman en vers haletant offre le portrait d’une héroïne flamboyante jusque dans la putréfaction, en même temps qu’une réponse géniale et vibrante de vie au Memento Mori du poète maudit. À mettre de toute urgence au programme, terminale ou pas !