Pourquoi Imbattable peut-il s’auto-proclamer sans rougir « le seul véritable super-héros de bande dessinée »? Parce qu’il est le seul à avoir littéralement la BD comme super-pouvoir. Vous savez, la bande dessinée, cet art séquentiel, dans lequel le temps se déploie sous forme de cases dans l’espace de la page ? Eh bien dès lors qu’on peut se propulser dans la page d’avant (le passé), ou jeter un œil à ce qui va se passer dans la ligne d’en dessous (le futur), on devient… Imbattable.

Effet « waouh » garanti !

D’autant que le héros n’est pas le seul à se jouer des codes narratifs dans les trois albums parus : des personnages secondaires, alliés ou ennemis, tordent chacun à leur manière la courbure de l’espace temps bédé-esque dans des pirouettes géniales et puissamment inventives. Ainsi, ce troisième tome laisse une belle place à Toudi, l’adolescent qui s’affranchit de la perspective et des distances pour, par exemple, décrocher la Lune à celle qu’il aime, et à Invincible, qui détient le pouvoir des cartouches temporelles (prononcer « trois heures plus tard à la gare » sur fond orange lui permet de s’y téléporter instantanément). Mais aussi à un épisode émouvant autour de Jean-Pierre, le gendarme, aidé par une mystérieuse forme spectrale… car au delà du jeu formel, c’est tout un petit monde chaleureux et touchant qui gravite autour de ce « super-héros de proximité », et on ne peut qu’être bluffé par la capacité de cette série à se renouveler, à allier le fond et la forme, la pédagogie, l’humour et la poésie.

Méta sans prise de tête, accessible dès 8 ans et indispensable pour les amateurs de BD de tout âge, Imbattable est aussi Inimitable qu’Irrésistible !